Comment utiliser son corps pour captiver son auditoire ?

Vous n’êtes plus sans savoir que la dimension non-verbale est au cœur de toute prise de parole réussie. L’Homme voit avant d’entendre, et ce depuis la nuit des temps.
Pour avoir plus d’impact, au-delà d’un discours bien rôdé, il est nécessaire d’utiliser son CORPS !

Mais que faire de ses mains, de ses pieds, de son regard ? Avec le stress, il peut être difficile de trouver les bons gestes, ceux qui paraissent à la fois naturels et adaptés à notre propos. Il y a des techniques pour placer nos mains et réguler nos déplacements, tout en partant de votre corporalité naturelle pour trouver les gestes et les mouvements les plus pertinents.

1. Votre regard, ce transmetteur d’émotions

Les premières questions surgissant dans nos têtes lorsque nous débutons une prise de parole sont : Vais-je être intéressant·e ? Vais-je ennuyer mon auditoire ? Suis-je légitime de prendre la parole sur ce sujet ? Certes, ces questions sont nécessaires à la préparation d’un discours cohérent et intéressant. Qu’en est-il ensuite de la dimension émotionnelle ? Que va ressentir votre public ?

À cette dernière question, certains répondent : « je ne suis pas là pour transmettre des émotions, je dois rester professionnel ». Mais transmettre une émotion ne signifie pas « faire pleurer dans les chaumières » ! L’émotion peut-être du registre de la joie, de la peur, de la colère ou de la tristesse, à des dosages plus ou moins élevés. Chacune de ces familles d’émotion a son lot de qualités en fonction de votre objectif. D’ailleurs, l’Homme retient difficilement une information s’il ne vit pas une expérience émotionnelle associée à cette information.

Lorsque Greta Thunberg, âgée de 12 ans, s’adresse à l’ONU (discours du 23 septembre 2019) pour déplorer l’état de notre planète et dénoncer le manque d’action politique en faveur de l’écologie, le registre de la colère semble opportun pour engager son auditoire et le pousser à l’action. Le cas contraire, son public n’aura aucune motivation à s’engager. Il faut qu’une émotion nous anime pour trouver la détermination nécessaire à l’action.

La transmission d’émotion se fait par la voix, le corps mais aussi et surtout par le regard. Plutôt que de regarder au sol pour chercher vos mots et ainsi vous couper du public, nous vous suggérons plutôt d’accrocher le regard de vos auditeurs :
Par un regard appuyé, franc et droit, vous leur transmettrez la détermination, la force et l’engagement dans votre action
Par un regard doux et souriant, vous leur transmettrez la sérénité, le plaisir d’être là et l’engouement pour votre sujet
Par un regard ému, vous leur transmettrez l’humanité, la sincérité et l’engagement dans votre propos

À vous de choisir le regard le plus pertinent pour souligner vos dires, impacter votre auditoire et parvenir à vos objectifs. N’oubliez jamais que derrière un scientifique, un technicien ou tout esprit cartésien, il y a un être humain ; et que tout être humain est doté d’un capital empathique, hormis les personnes atteintes de troubles de la personnalité antisociale. Vous auriez alors peu de chances de tomber sur un auditoire uniquement constitué d’individus souffrant de cette maladie… 😉

2. Vos gestes, ces capteurs d’attention

Vos mains sont à votre discours ce que le stabilo est à votre feuille ! Arme fatale, le geste est un surligneur de mots indispensable à la clarté de votre propos. La voix et le geste sont interdépendants et se suivent : plus vos gestes seront hauts, plus vous serez en voix de tête, et inversement. De plus, votre auditoire ne peut s’empêcher de regarder vos mains parce nous sommes habitués à les utiliser pour désigner, montrer, débattre, célébrer…

Tentez de montrer à un touriste le parcours qu’il doit emprunter pour atteindre sa destination sans utiliser une seule fois vos mains. Rien que d’y penser, cela semble impossible !

Néanmoins, le choix des gestes doit être fait judicieusement et précisément. Nous vous conseillons de demander à vos proches quels sont les gestes que vous faites le plus souvent et le plus spontanément. Vous pouvez aussi vous filmer et analyser vos gestes récurrents. Une fois ceux-ci identifiés, il convient de déterminer s’ils servent ou desservent votre propos. Pour cela, voici dans la suite de cet article une grille d’analyse sur laquelle vous pouvez vous appuyer.

Les gestes qui peuvent desservir votre propos :

  • Votre geste récurrent consiste à vous toucher une zone du visage : celui-ci sera interprété par votre auditoire comme un marqueur de stress, un geste permettant de “cacher” votre visage
  • Votre geste est petit : celui-ci ne paraîtra pas “assumé” et aura donc peu d’impact
  • Vos coudes sont coincés contre vos côtes : vos gestes risquent de manquer d’ampleur et de rondeur, ce qui donnera un aspect “coincé” à l’ensemble de votre corps
  • Vos gestes sont plus hauts que votre poitrine (au niveau des épaules) : votre voix aura tendance à suivre et votre son risque d’être “engorgé” ; l’ensemble de votre discours manquera d’ancrage et de résonance

Les gestes qui appuient votre discours :

  • Vos gestes sont plutôt ronds : utiliser des gestes ronds et circulaires va fluidifier votre discours. Le début du geste entraîne le début de la phrase et inversement. Tentez d’observer cela dans les prochains discours auxquels vous assisterez
  • Vos gestes sont placés bas : une gestuelle basse (au niveau du nombril) entraînera une voix médium, c’est-à-dire placée et posée. Ce sont souvent pas des gestes bas que nous marquons les mots forts, comme pour les ancrer ici et maintenant dans le sol
  • Vos gestes vont vers l’avant et sur le côté : ce type de gestes montre à votre auditoire que vous allez vers lui, vers l’avant et en ouverture
  • Vos gestes marquent des temps d’arrêt : comme dans la voix, cela va vous permettre de mettre l’accent sur certains mots plutôt que d’autres. Une gestuelle constante et sans arrêt entraînera un débit rapide. A l’inverse, figer vos gestes à certains moments comme si vous jouiez à “1,2,3 soleil” marquera votre auditoire qui associera automatiquement le mot que vous venez de prononcer à ce tableau visuel que vous proposez. Et ça, c’est 100% d’impact garanti !

Après une analyse détaillée de votre gestuelle, nous vous conseillons de noter 3 gestes qui vous sont naturels et qui servent votre discours, puis de vous habituer à les utiliser. Telle une chorégraphie, cela vous paraîtra peut-être un chouïa robotique au départ, mais cette étape est nécessaire pour habituer votre corps à proposer une gestuelle impactante.

3. Vos déplacements, ces vecteurs d’énergie

Regardez ce magnifique tour sur lui-même d’Omar Sy lorsqu’il reçoit le César du meilleur acteur en 2012, n’est-ce pas là un mouvement chorégraphié qui marque les esprits ?

Puisque c’est la première chose à laquelle nous avons pensé lorsque nous avons commencé ce paragraphe, notre petit doigt nous dit qu’il y a bel et bien une corrélation entre le mouvement et la mémorisation d’un discours.

Et pour cause, la mémoire visuelle représente 80 % de la totalité des informations transmises au cerveau, rien que ça ! Alors autant vous dire qu’un discours, même s’il détient les informations les plus intéressantes et pertinentes du monde, n’aura que peu d’impact sur votre auditoire s’il n’est pas accompagné de mouvements. Nous l’avons vu dans le paragraphe précédent, les gestes sont un premier capteur d’attention. Néanmoins, en fonction de la grandeur de la scène ou de la salle dans laquelle vous vous trouvez, l’occupation de l’espace ne demande pas le même effort.

Votre public a besoin de voir que vous êtes bel et bien un être vivant, et non un Aristote statufié. Ainsi, il attend de vous que votre corps se mette en mouvement. Votre niveau d’engagement dans le discours, votre énergie, est diffusée à votre auditoire en grande partie par ce qu’il voit, donc par vos mouvements.

D’ailleurs, les humoristes Paul Mirabel ou encore Djimo, accentuent le “non dynamisme” et cela fait rire. Pourquoi ? Parce que l’œil humain trouve cela complètement incongru de parler sans bouger, sans incarner son propos.

Attention tout de même, il y a bien évidemment des tempéraments plus actifs que d’autres. Notre conseil n’est pas de bouger sans cesse et d’occuper l’intégralité de la scène par une danse effrénée. Il s’agit plutôt de prendre conscience de l’image que notre corps renvoie. Un corps immobile pendant 10 minutes de présentation est un corps qui paraît peu engagé et donc peu engageant. A l’extrême inverse, un corps qui bouge sans arrêt paraît peu ancré et donc peu confiant.

Voici quelques conseils simples pour trouver le juste milieu. 

  • Je parle, je m’ancre. Je bouge, je me tais. Profitez des silences de votre discours pour vous autoriser des déplacements. Attention, un déplacement ne consiste pas forcément à traverser la salle d’un bout à l’autre. Il peut s’agir d’un seul pas vers l’avant, tant que celui-ci est pleinement assumé et visible. En revanche, quand vous parlez, préférez l’ancrage de vos deux pieds pour ne pas trop parasiter votre message. Les gestes suffisent alors à animer votre discours.
  • Respectez votre manière de vous mouvoir naturellement. Comme nous le soulignons dans chacun de nos articles, il est important de connaître sa corporalité pour rester naturel et fidèle à soi. N’hésitez pas à demander à vos amis quel type de déplacement vous avez tendance à faire : de petits pas ? de grands mouvements ? Une vitesse modérée ? Rapide ? Vous pouvez aussi vous filmer pour prendre conscience de vos mouvements récurrents et instinctifs.
  • Privilégiez les petits déplacements assumés aux longues marches surjouées. Vos mouvements doivent avoir une réelle intention : je décide de me déplacer parce que j’en ai envie, et non parce que je dois montrer au public que je bouge. Pour cela, il faut rester à l’écoute de son corps. Quand notre jambe commence à trembler, cela signifie que notre corps a besoin de bouger. Pour certains, un ou deux pas suffisent. Pour d’autres, plus expansifs, un déplacement plus long est nécessaire. Dans les deux cas, il est préférable de suivre ses besoins plutôt que de se forcer, car cela se voit.

Lors d’une prise de parole, nous cherchons souvent à provoquer un effet sur notre auditoire pour que celui-ci comprenne nos propos, retienne nos informations ou passe à l’action. Pour produire cet effet, nous devons impérativement engager notre corps, sans quoi le public ne pourra pas s’engager à son tour. Notre regard est un formidable vecteur d’émotion lorsqu’il s’intéresse à son auditoire, et ce en se posant dans d’autres regards plutôt qu’en balayant la salle sans trêve. Nos gestes soulignent quant à eux les mots-clés et captent l’attention de nos auditeurs. Enfin, nos déplacements apportent de l’énergie à notre discours et nous rendent vivant, sans quoi l’auditoire aura du mal à croire à notre engagement. Maintenant que vous avez toutes les clés, c’est à vous de jouer de vos mains, de vos pieds et de vos yeux pour tenter d’impacter votre auditoire.

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